
En coulisse
462 grammes de marijuana : compte rendu Tinu Report, épisode 10
par Martin Jud
La légalisation des produits à base de cannabis est une bonne idée, mais une mauvaise nouvelle pour le porte-monnaie. J’ai donc décidé de miser sur l’autoproduction. Suivez-moi dans cette aventure. Dans cet épisode, je vais vous présenter mon installation.
Bienvenue dans ma chambre de culture. À l’abri des regards indiscrets se cache ce qui fait ma fierté de jardinier amateur : une tente de 220 centimètres de haut avec une surface au sol de 90 sur 90 centimètres.
Elle permet de cultiver des plantes en toute saison : des plantes tolérées par la société et la loi comme la très toxique trompette des anges ou le cannabis à faible teneur en THC récemment légalisé, par exemple. On pourrait aussi parfaitement y faire pousser des plantes moins intéressantes comme les tomates ou les orchidées.
Comme les fleurs de cannabis, qu’elles soient légales et illégales, sont très coûteuses par rapport aux efforts nécessaires pour les cultiver ou proviennent de sources douteuses, je me suis acheté ma propre tente. Je n’achèterai jamais de fleurs ou de l’huile quelque part, même pas dans notre boutique. Avec ma propre petite pépinière, je m’assure moi-même que mes plantes poussent bien et j’arrêterai les éventuels engrais suffisamment tôt. Mon produit final ne contiendra ainsi aucun résidu nocif pour la santé. De la même manière, je veillerai à ce que mes fleurs soient exemptes de laque ou autres impuretés destinées à augmenter leur poids.
Laissez-moi vous présenter le contenu de ma tente, c’est-à-dire la lampe à vapeur de sodium, etc. Si tout se passe bien, cinq plants de cannabis me suffiront pour amortir le coût de mon équipement. Je pèserai les fleurs séchées, s’il y en a, et calculerai ensuite la valeur marchande de mon herbe maison. Les prix pratiqués dans notre boutique serviront de base pour les calculs.
Avant toute chose, même si mon compte rendu concerne des plants de cannabis légaux en Suisse qui produisent des fleurs contenant moins d’un pour cent de THC, je tiens à préciser ici que je ne vendrai rien. 😉
Avec mon installation, je veux répandre la bonne humeur et montrer que le chanvre se cultive aussi facilement que la tomate ou la menthe poivrée à condition d’avoir quelques connaissances de base. Et aussi que le prix élevé des produits au CDB est à mon avis difficilement justifiable.
Lorsque l’alcool a été interdit aux États-Unis, c’est-à-dire pendant la prohibition de 1920 à 1933, les distilleries clandestines étaient très nombreuses à l’image des tentes de cannabis d’aujourd’hui, où des plants poussent en secret, comme dans la mienne. À l’époque, le schnaps qui était vendu n’était pas toujours distillé correctement, ce qui a coûté la vie à de nombreux consommateurs. Même en dehors de l’alcool improprement distillé, notre drogue légale numéro un, l’alcool est une neurotoxine capable de tuer de nombreuses cellules cérébrales, voire de raccourcir notre espérance de vie. Pensez à tous ces foies qui se sont transformés en minibars.
Dans le cas du cannabis pur, l’effet sur l’organisme, s’il est administré correctement, c’est-à-dire par chauffage (à l’aide d’un vaporisateur) ou par ingestion orale du CBD/THC dissous dans un corps gras, n’a pas encore été prouvé comme étant nocif, contrairement à la fumette. Il n’existe pas non plus de phénomène de dépendance physique, même si le risque de dépendance psychologique existe bel et bien. Aux experts de déterminer l’impact exact de la substance sur le mental. On notera au passage qu’au moins le THC et le CBD ne rendent pas agressif contrairement à l’alcool. Il semblerait néanmoins qu’ils puissent entraver le développement du cerveau chez les individus jeunes et qu’ils soient également dommageables pour les personnes instables psychologiquement. L’alcool a aussi ce potentiel. C’est pourquoi je ne comprends pas bien sur quelle base notre pays s’appuie pour autoriser ou interdire telle ou telle substance.
Bref, passons à la suite. Je reviendrai peut-être sur l’un ou l’autre point dans les semaines à venir. Comme je ne cultive aucune plante interdite et que je ne veux ni glorifier ni diaboliser quoi que ce soit, le cannabis à fort taux de THC ne sera pas le sujet ici. Dommage, car si cela avait été légal, j’aurais bien sûr choisi des semences à plus forte teneur en THC. L’expérience restera tout de même intéressante. J’imagine déjà les boulettes de résine et l’odeur douceâtre et entêtante de l’herbe fraîche.
Pour cultiver du chanvre en intérieur, il faut se documenter un peu et posséder l’équipement adéquat. La base peut être constituée d’une armoire transformée ou, comme dans mon cas, d’une tente. Ma tente de marque Dark Room, qui mesure 220 centimètres, est assez grande pour faire pousser à la fois les variétés Indica plutôt basses et touffues et la plupart des variétés de cannabis Sativa qui montent plus haut.
Pour éviter qu’au cours des semaines à venir mes voisins ne viennent se plaindre d’odeurs désagréables, j’ai installé un filtre à charbon actif. Il est accroché en haut à gauche dans la tente et relié à un ventilateur diagonal par un tuyau de 120 mm. De là, le tuyau est raccordé à un cooltube, un tube transparent avec une douille de lampe, des réflecteurs et des raccords pour le tuyau de ventilation.
Le cooltube présente un avantage : il permet de placer plus près des plantes la lampe à vapeur de sodium très chaude censée simuler le soleil. Sans le cooltube, la chaleur générée brûle toute la végétation à une distance d’environ 25 centimètres. Avec le tube, cette distance ne joue plus un rôle aussi important, mais même ainsi, je ne m’approcherais pas trop du tube de verre. De celui-ci part un dernier tuyau qui sort de la tente. Cela empêche non seulement les odeurs d’herbe dans l’appartement, mais assure aussi un apport constant d’air dans la tente. Le câble électrique sur la photo ci-dessus est connecté à un ballast à l’extérieur de la tente et celui-ci est à son tour branché à un programmateur.
Si je regarde tout l’équipement que j’ai acheté jusqu’à présent, mon installation est constituée des éléments suivants :
Les dépenses de culture – hors coûts de l’électricité, du terreau, de l’eau et des semences – s’élèvent à 803 CHF jusqu’à présent. Cela signifie que je dois produire environ 134 grammes de fleurs séchées pour amortir les frais engagés.
J’ai déjà choisi la variété de cannabis pour la prochaine culture et je l’ai plantée hier. Vous devrez attendre le prochain épisode pour savoir quels sont exactement les plants sur la photo. Je vous expliquerai également quel terreau j’utilise et quelle est l’influence de la température de couleur et de l’éclairage sur la croissance pendant les phases de végétation et de floraison.
Sur ce, il est 4 h 20, je file…
Le baiser quotidien de la muse stimule ma créativité. Si elle m’oublie, j’essaie de retrouver ma créativité en rêvant pour faire en sorte que mes rêves dévorent ma vie afin que la vie ne dévore mes rêves.