En coulisse

Six ans pour une moto électrique

Kevin Hofer
14/11/2019
Vidéo: Manuel Wenk

Roman Braschler a conçu et fabriqué une moto électrique. Au début de son projet, il disposait de 764 francs. Cette moto sera disponible chez Galaxus l'an prochain.

En entrant dans l'atelier de Roman, j'ai l'impression de me retrouver dans l'émission « Pimp my Ride », les mecs tatoués en moins. Roman est tout le contraire. C'est le Suisse par excellence, il respire le pragmatisme. Un sourire aux lèvres, il me montre sa moto, la RP3. « La voici. » Malgré ses paroles laconiques, chaque syllabe trahit la fierté.

Roman me montre brièvement son atelier avant d'aborder, autour d'une tasse de café, comment il a démarré sa propre entreprise il y a neuf ans.

L'inventivité dans l'urgence

Son premier atelier est situé à flanc de colline, dans la commune d'Einsiedeln. Il se rend tous les jours au travail à vélo électrique. Malgré l'assistance du moteur, ce trajet reste fatigant : en effet, Einsiedeln est une commune escarpée. Sur le long terme, le VAE n'était pas la solution. En été, il arrive en sueur, en hiver, il se gèle les mains pendant 20 minutes. Après trois ans, il en a assez : il décide alors d'acheter un e-scooter.

Mais malgré ses recherches, il ne trouve pas son bonheur. « Je voulais un véhicule qui me convienne et qui soit écologique. En tant que motard de longue date, l'apparence compte. » Roman change alors sa façon de penser. « Construire une moto a toujours été mon rêve. Grâce à mon apprentissage de polymécanicien dans le domaine du ferroviaire, je m'y connais en mécanique et en électronique. J'avais l'habitude de travailler avec la CAO et le carbone. » Il a toutes les cartes en main pour construire une moto électrique. Il demande de l'aide lorsque le besoin se manifeste, notamment auprès d'un ami pour le design. Aujourd'hui, une équipe de sept personnes est impliquée dans le développement.

La moto depuis tout jeune

« Petit, j'étais déjà fasciné par les motos. Avec mon père, nous faisions de longues tournées au Tessin, dont je garde de beaux souvenirs aujourd'hui encore. Je passe mon permis dès l'âge de 18 ans. Depuis, je roule à moto. »

Cette passion ne l'a jamais quitté depuis. Il fait beaucoup de virées : la moto est un hobby. « Il m'est souvent arrivé de rouler vite quand j'étais plus jeune », lance Roman avec un sourire espiègle. Il redevient sérieux immédiatement. « Avec le recul, je me rends compte que ce n'était pas bien, je ne le referais plus aujourd'hui. J'ai mûri. »

Petit déjà, il se rend compte que les moteurs à combustion sont mauvais pour l'environnement. « La maison de mes parents se trouvait en bordure de route. Nos appuis de fenêtre étaient toujours noirs à cause des fumées de pots d'échappement. » Vers 25 ans, cette pollution le turlupine et c'est à la naissance du premier enfant qu'il en prend pleinement conscience. « Je veux que mes enfants vivent dans un environnement propre. » C'est pourquoi sa moto doit être alimentée par des énergies renouvelables.

Du prototype au modèle de série

Roman a commencé à construire sa moto il y a six ans. « J'avais encore 764 francs. Je voulais vraiment construire cette moto. J'y ai laissé toutes mes économies. Avec l'argent, j'ai acheté le premier moteur électrique pour mon prototype. » Avec le premier prototype, tout va très vite. Il travaille d'arrache-pied pour le mettre au point en 3 mois à peine.

Suivra le deuxième prototype peu de temps après. Pour le premier, les coûts de production étaient trop élevés et l'autonomie, trop petite. Le deuxième voit le jour en trois mois également. La puissance continue du moteur augmente à 11 kw, la moto couvre 100 kilomètres avec une charge.

Mais ce n'est pas encore assez pour Roman et son équipe. Ils bricolent sans relâche. Cette fois-ci, tout prend beaucoup plus de temps. « Le processus d'optimisation est le plus long et le plus difficile. Pourtant, j'adore expérimenter. Avec le RP3, il y a de quoi faire. » Et la batterie donne pas mal de fil à retordre à l'équipe. « Comme il s'agit de quelque chose de très spécifique, il n'existe aucun fabricant malheureusement. »C'est pourquoi Roman et son équipe développent la batterie eux-mêmes. Ils vendent leur batterie et d'autres systèmes de transmission à de nouveaux clients.

Optimiser jusqu'à la perfection

Avec le RP3, il s'est constitué une deuxième source de revenus. Après six ans, la moto est presque prête pour la production en petites séries. Roman accueille régulièrement des clients venus essayer la moto. « C'est un sentiment génial de voir le plaisir que les gens éprouvent rien qu'à travers la visière du casque. »

Cet article plaît à 41 personne(s)


User Avatar
User Avatar

La technologie et la société me fascinent. Combiner les deux et les regarder sous différents angles est ma passion.


Loisirs créatifs
Suivez les thèmes et restez informé dans les domaines qui vous intéressent.

Jardin
Suivez les thèmes et restez informé dans les domaines qui vous intéressent.

Plantes
Suivez les thèmes et restez informé dans les domaines qui vous intéressent.

Ces articles pourraient aussi vous intéresser

  • En coulisse

    Essayez la randonnée électrique !

    par Siri Schubert

  • En coulisse

    7 produits à succès inventés par des enfants

    par Michael Restin

  • En coulisse

    18 000 voitures miniatures dans une pièce : visite chez un collectionneur de Hot Wheels

    par Anne Fischer

6 commentaires

Avatar
later