En coulisse

Simon Otto, animateur chez Deamworksؘ : Krokmou, un personnage qui a du mordant

Simon Otto, animateur a donné vie aux personnages de Dragons. La sortie de la dernière partie de la trilogie a également marqué la fin de sa carrière aux studios d'animation : l'animateur se lance dans la réalisation.

Le jeune déploie ses ailes majestueusement et entame son vol. Les yeux vert-jaune brillent attentivement, les traits du visage sont légèrement tendus. Krokmou, le dragon, est prêt pour son premier vol avec un cavalier sur le dos. Des centaines de mètres plus bas, la cité Viking de Berk.

Voler c'est la liberté. L'indépendance. Simon Otto a fait en sorte que l'on perçoive clairement ces émotions. Pendant presque dix ans, il a occupé le poste de responsable de l'animation des personnages chez Dreamworks, le département qui a conçu tous les dragons et les Vikings du film. De l'apparence à la personnalité.

Maintenant, il veut s'essayer à la réalisation.

Des sculptures de neige au grand écran

« Dès mon plus jeune âge, je savais que je voulais devenir animateur », déclare Simon Otto au Fantoche Festival à Baden, où il présente le troisième opus de Dragons et initie des enfants à l'art de l'animation. Sur le rétroprojecteur, il dessine de petits Krokmou édentés. Simon Otto est dans son élément. Il explique que ses amis ont toujours voulu faire des métiers de garçons classiques comme conducteur de train ou pompier. Mais en grandissant, leurs rêves s'estompaient.

« Je ne changeais pas d'avis. Jusqu'à aujourd’hui. »

La naissance du dragon Krokmou.
La naissance du dragon Krokmou.

Avant la trilogie Dragons, Simon Otto a travaillé sur Le Prince d'Égypte. À l'époque, en 1997, le Suisse de Gommiswald, Saint-Gall, alors inconnu à Hollywood, a été recruté directement à sa sortie de l'école d'animation de Paris pour rejoindre le studio d'animation Dreamworks, co-fondé par Steven Spielberg. « C'était comme si j'avais été sélectionné pour la Coupe du Monde en tant que footballeur de la ligue régionale. J'ai vraiment dû me ressaisir pour réussir à suivre le rythme. » Pour convaincre les patrons du studio, S. Otto a présenté un book, dans lequel on pouvait voir des sculptures sur neige. « Pendant mon service militaire, j'ai rencontré un mec dont c'était le métier. Je trouvais ça génial, alors j'ai voulu m'y mettre aussi. »

De retour au pays pour le festival du film d'animation Fantoche, où il présente le nouveau Dragon.
De retour au pays pour le festival du film d'animation Fantoche, où il présente le nouveau Dragon.

Les sculptures de neige étaient une source d'inspiration pour lui, mais elles ont aussi convaincu les responsables de Dreamworks. Pendant 13 ans, Otto a peu à peu gravi les échelons pour arriver au poste de responsable de l'animation des personnages. Aucun Suisse avant lui n'avait jamais eu autant de succès à Hollywood. Il ne semble pas en faire cas et, détendu, il répond à mes questions n'omettant aucun détail. Sa famille l'attend en bas, il préférerait certainement les retrouver, mais rien dans son comportement ne le laisse transparaître. Bien au contraire, nous discutons même un peu de mon année d'échange aux États-Unis.

La technique ne fait pas tout

« Un animateur est en fait un acteur. Mais au lieu de faire passer des émotions avec vos propres expressions faciales et gestes, vous le faites avec un stylo via un personnage animé », dit S. Otto. Le réalisateur et le scénariste déterminent le rôle du personnage dans l'histoire, tandis que l'animateur décide de sa personnalité. « C'est ce qui rend le personnage unique et lui donne un caractère humain. » C'est ce qui fait une bonne animation. « de la technique pure ne suffit pas. Il faut avoir du talent et sentir les choses », ajoute S. Otto. Il le remarquer à la Haute école spécialisée de Lucerne, où il présente chaque année un master class d'animation.

Simon Otto explique son travail d'animateur à Hollywood aux enfants.
Simon Otto explique son travail d'animateur à Hollywood aux enfants.

Depuis ses débuts, la technique a beaucoup évolué. « Avec les nouveaux programmes informatiques, même mon fils de 10 ans peut animer des personnages. » D'autant plus que les films d'animation sont beaucoup plus populaires aujourd'hui qu'ils ne l'étaient dans les années 1990. Les dessins animés étaient incroyablement populaires à l'époque. Puis vint Toy Story. Otto : « Avec son énorme succès au box-office, le film a ouvert un tout nouveau marché pour le cinéma. »

Le dessin fait partie de sa vie

Il crée moins de personnages qu'avant, mais dessine toujours autant. « Quand je suis en vacances, je tiens une sorte de journal de bord sans un mot, uniquement des dessins. » Un dessin est beaucoup plus intense qu'une photo, parce qu'on s'implique complètement dans l'instant présent. « Quand je regarde les dessins après le voyage, les émotions et parfums perçus lorsque je dessinais resurgissent immédiatement », dit S. Otto.

Le carnet de croquis reste cependant parfois fermé dans le quotidien familial. « J'ai dû apprendre à m'arrêter de temps à autre. Pendant mes études, je dessinais toujours et partout pour m'améliorer. Aujourd'hui, j'ai quelque peu revu mes priorités. » Et cela en faveur de son épouse et de son fils à Los Angeles. « Même s'il arrive que mon fils m'agace avec son anglais fluide et sans accent, alors que je vis aux États-Unis depuis 22 ans déjà », dit-il en riant.

Le popcorn fait moins partie de la vie que de la vie de ceux qui admirent son œuvre.
Le popcorn fait moins partie de la vie que de la vie de ceux qui admirent son œuvre.

Plus de conception, plus de risques

Après 22 ans, Simon Otto quitte Dreamworks : « Le moment était venu de partir. » Le studio a été vendu, la direction a changé, les décisions concernant divers projets ont été repoussées.

S. Otto va essayer de se lancer tout seul, en tant que réalisateur. « J'aimerais intervenir beaucoup plus tôt dans la production d'un film, lors de la recherche des idées et de la conception. En tant qu'animateur, vous n'intervenez dans le projet que lorsque toutes ces choses sont déjà définies. » D'autant plus qu'il n'a pris conscience que récemment du nombre de projets qui échouent avant même de véritablement démarrer.

« Un retour chez Dreamworks n'est pas complètement exclu », déclare l'homme qui veut, pour le moment, se concentrer sur la réalisation. Il travaille entre autres sur diverses séries et une publicité. Il ne peut pas m'en dire plus.

Toujours ces fameux accords de confidentialité.

Cet article plaît à 29 personne(s)


User Avatar
User Avatar

Élargir mon horizon: voilà comment je résumerais ma vie en quelques mots. J'aime découvrir de nouvelles choses et en apprendre toujours plus. Je suis constamment à l'affût de nouvelles expériences dans tous les domaines: voyages, lectures, cuisine, cinéma ou encore bricolage. 


Audio
Suivez les thèmes et restez informé dans les domaines qui vous intéressent.

Films et séries
Suivez les thèmes et restez informé dans les domaines qui vous intéressent.

Ces articles pourraient aussi vous intéresser

  • En coulisse

    Elizabeth Olsen en interview : « je ne sais pas ce qu'il y aura après ‹ Doctor Strange › »

    par Luca Fontana

  • En coulisse

    Quel est l’intérêt des rires du public dans les sitcoms ?

    par Carolin Teufelberger

  • En coulisse

    Marvel publie la première bande-annonce : qui est « Moon Knight » ?

    par Luca Fontana

1 commentaire

Avatar
later