
Critique
« Dragon Quest III HD-2D Remake » est une réussite
par Kevin Hofer
Le jeu de rôle « SaGa Frontier 2 Remastered » réunit des arrière-plans grandioses dessinés à la main et une façon d’aborder le récit digne d’un livre d’images. Pourtant prometteur, le jeu pâtit de sa propre narration et de son système de combat trop confus.
S’il y a bien une chose dont SaGa Frontier 2 Remastered ne manque pas, c’est de charme visuel, notamment grâce aux dessins d’arrière-plan dignes d’un livre d’images et aux sprites des personnages. Dans la version remastérisée, leur grande netteté distingue ces éléments de la version originale pixellisée de la PS1.
Outre la qualité de l’image, le jeu optimisé pour les systèmes modernes offre quelques améliorations, avec plus de contenu scénaristique, des options de vitesse de combat et des compétences transférables. Malheureusement, cela n’est pas suffisant pour combler les faiblesses de l’original.
Dans les RPG, on n’accompagne les personnages que pendant une courte période de leur vie. L’histoire de SaGa Frontier 2 Remastered se déroule sur une période de plus de 80 ans. Cette idée fondamentalement bonne présente néanmoins certains inconvénients. Comme je ne joue que des bribes d’histoire, je dois deviner ce qui se passe entre-temps. Sur la carte du monde, je sélectionne des événements datés pour avancer dans le jeu, sans nécessairement opter pour une progression chronologique. C’est censé rendre le jeu moins linéaire, mais je trouve ça déroutant. Ça donne parfois l’impression d’avoir raté un épisode. Si vous ne voulez pas perdre le fil, je vous conseille de consulter un guide.
Deux lignes de narration se chevauchent. Dans l’une, le jeune prince Gustave n’héritera pas du trône, car il est dépourvu de pouvoirs magiques. Sa mère et lui sont reniés. Néanmoins, Gustave n’a pas dit son dernier mot et veut prouver sa valeur. Il acquiert le pouvoir politique petit à petit, à la force des armes, en se battant avec une épée qu’il a forgée lui-même.
Dans le second scénario, Wil, parti à l’âge de 15 ans à la recherche de puissantes sources de magie, vit actuellement de son travail d’excavation. Par la suite, il cherche à venger la mort de ses parents, ce qui le mettra sur la piste d’un certain œuf diabolique. « Ouh, j’ai trop peur... » Trois générations durant, sa famille tente alors de détruire cet objet maléfique.
Les deux récits pourraient être captivants, mais ils manquent de mordant. Je n’arrive pas à m’identifier à Gustave et Wil, leur destin ne m’intéresse pas plus que ça. Les dialogues ne font pas passer autant d’émotion qu’ils devraient. Gustave m’horripile, avec ses airs d’ado prépubère, et il n’a pas l’air de gagner en maturité en vieillissant. Et puis Wil et lui sont trop génériques pour que je puisse m’attacher à eux, au même titre que moult autres personnages du jeu qui ne respirent pas la vie, tels des poupées au regard vitreux.
Comme dans la plupart des JRPG, les combats se déroulent au tour par tour, sous la forme de duels, de combats à plusieurs ou de guerres. Au début, ils sont très amusants. Hélas, ils deviennent vite répétitifs : quand une attaque fonctionne bien contre un type d’ennemi, je la spamme. Ces affrontements toujours aussi longs que dans la version PS1 du jeu peuvent dorénavant être accélérés.
Les explications que le jeu apporte sur ce mécanisme sont vagues. Les points de vie sont à peu de chose près la seule valeur fixe. En plus de cela, je consomme des points d’armes et de talents en utilisant certaines compétences. Ceux-ci se régénèrent sous certaines conditions que je dois découvrir moi-même.
Un malheur n’arrivant jamais seul, le manque de clarté s’étend au-delà des mécaniques de base. Les compétences que j’engrange le plus efficacement sont celles que je gagne en duel. Le jeu ne m’en dit pas plus. Je dois combiner des attaques ou des sorts individuels et, si je les exécute correctement, je peux apprendre de nouvelles attaques plus puissantes. Je ne découvre les conditions préalables qu’avec le temps. C’est souvent par hasard que je fais des découvertes essentielles, qui sont toutefois trop rares pour me préparer à la difficulté exponentielle du jeu. Un guide serait pour ainsi dire indispensable.
Il est possible de débloquer facilement de nombreuses compétences extrêmement puissantes dès les premières heures de jeu. Au fur et à mesure que l’histoire avance, cela devient plus compliqué. Si je rate le coche au début, les combats s’avèrent très vite trop difficiles, je n’ai pratiquement aucune chance, même dans les affrontements simples. En revanche, si j’apprends trop de compétences trop tôt, ils deviennent trop faciles.
À cela s’ajoute le fait que certains personnages n’apparaissent que brièvement et ne reviennent plus. Le temps que j’ai investi dans leur entraînement est alors perdu. Dans la version remastérisée, j’ai le droit à un transfert de compétences unique par personnage. Comme ça, au moins, je ne suis pas obligé de faire monter le niveau de chaque nouveau héros. Le problème est que cela me pousse à en profiter pour faire évoluer mon perso au maximum dès le début pour ne pas avoir à le faire plus tard.
Comme à l’époque de la PS1, les arrière-plans sont prérendus, et en l’occurrence, ils sont magnifiques. Dessinés à la main dans un style aquarelle, ils pourraient sortir d’un livre d’images fantastiques. Les sprites des personnages sont grands et joliment animés. Pour Wil et Gustave, qui vieillissent, j’aurais toutefois préféré des sprites plus spécifiques à leur âge. Qu’il ait 15 ou 30 ans, Gustave ne change pas beaucoup.
La bande-son accompagne sublimement les beaux décors. La plupart des morceaux sont entrainants et agréables à écouter. Ils contribuent à l’immersion dans le monde du jeu. La musique de combat aide à supporter les combats incessants. Le morceau existe d’ailleurs en plusieurs variantes.
« SaGa Frontier 2 Remastered » m’a été fourni par Square Enix. J’ai testé la version PC. Le jeu est disponible depuis le 27 mars 2025 sur Nintendo Switch, PS5, PS4, Steam, iOS et Android.
J’adore les JRPG. Je devrais donc adorer « SaGa Frontier 2 Remastered », mais la relation qui s’est développée entre ce jeu et moi est assez ambivalente. L’esthétique et l’acoustique de ce jeu sont exceptionnelles. Cependant, la trame assez spéciale ne m’emballe pas plus que ça et je n’arrive pas à m’identifier aux deux personnages principaux. Leurs histoires respectives ne m’intéressent pas. En plus, je dois me dépatouiller avec le système de combat peu intuitif qui rend le jeu tantôt trop facile, tantôt trop difficile.
Je conseille « SaGa Frontier 2 Remastered » aux fans de la franchise qui connaissent déjà ses petits travers, et il pourrait aussi plaire à toutes les personnes qui aiment les JRPG. Hormis ce public, je ne le recommande plutôt pas.
Pro
Contre
La technologie et la société me fascinent. Combiner les deux et les regarder sous différents angles est ma passion.