Point de vue
Top ou flop ? 9 protections solaires populaires et mon grain de sel
par Natalie Hemengül
L’ultra fast fashion de Temu : de bonnes affaires ou de l’argent jeté par les fenêtres ?
5/10/2023
Photos: Stephanie Vinzens
La nouvelle place de marché à bas prix Temu concurrence fortement Shein et Aliexpress. J’ai testé les vêtements du fournisseur et je ne passerais plus de commandes sur la plateforme à l’avenir. Je vous dis pourquoi.
Temu est le nom de la boutique à bas prix qui, en Suisse, occupe depuis des semaines la première place aussi bien dans l’App Store d’Apple que dans le Play Store de Google. « Shop like a billionnaire », tel est le slogan accrocheur de l’entreprise. Le fait que cela se réfère à la quantité et non à la qualité coule de source.
Temu est une place de marché en ligne qui sert d’intermédiaire entre la clientèle et différents commerçant·es, pour la plupart chinois·es. La diversité est donc grande. Des housses de canapé aux écouteurs en passant par des présentoirs à donuts ; vous y trouvez à peu près tout. Temu a, en effet, été lancé pour le marché occidental : le siège social se trouve à Boston, aux États-Unis. Il s’agit toutefois d’une filiale du géant chinois du commerce en ligne Pinduoduo.
Moins cher que Shein et Aliexpress
En termes de prix, Temu se situe en dessous de concurrents comparables comme Shein, Aliexpress ou Wish ; du moins pour le moment. Ainsi, dans la phase initiale, l’entreprise veut gagner rapidement des parts de marché grâce à des prix extrêmement bas et s’accommode pour cela de pertes. Une tactique très répandue qu’Amazon avait également utilisée avec succès à une époque. Temu a aujourd’hui très exactement un an et, depuis son lancement en septembre 2022, a connu un lancement fulgurant, concurrençant fortement le géant de l’ultra-fast fashion Shein.
Selon l’outil d’analyse Bloomberg Second Measure, en mai dernier, la clientèle américaine a dépensé 20 % de plus chez Temu que chez Shein. Mais Temu peut-elle rivaliser en matière de mode ? Les vêtements et les accessoires constituent tout de même une grande partie de l’assortiment ; j’y ai donc fait un tour.
L’odeur qui s’en dégage est répugnante
Pour le test, j’ai commandé un sac à main (8 CHF), une paire de lunettes de soleil (3,10 CHF), deux robes (8,50 et 9,90 CHF) et deux hauts (4,50 et 8,50 CHF). Une chose est sûre : étant donné que de nombreux·ses commerçant·es vendent leurs produits sur Temu, les prix et la qualité des marchandises comparables varient.
La livraison est gratuite et le colis arrive dans la boîte aux lettres après à peine deux semaines. Un gros point négatif me frappe dès le déballage sous la forme d’une odeur chimique pénétrante. Je voudrais juste mettre le colis à la cave et l’oublier ; c’est ce que je fais. Jusqu’à ce que Martin Jungfer, Head of Content, me rappelle que j’avais prévu un article sur Temu. Je ressors donc le colis puant de la cave, lave bien son contenu et essaie les vêtements à contrecœur. En ce qui concerne la qualité, je ne suis pas déçue ; après tout je n’avais aucune attente. Au contraire, un article me surprend même agréablement.
Deux échecs et une bonne surprise
Une robe à manches longues et un petit sac à main sont vraiment de très mauvaise qualité. Ce dernier a été écrasé lors de la livraison et a été si mal collé que l’anse est encore pleine de colle. Après avoir inspecté brièvement le sac, je dois me laver les mains trois fois pour me débarrasser de l’odeur de la colle. Une maxi-robe à manches longues avec un naked print à la Jean Paul Gaultier a en revanche l’air plutôt trash ; et pas dans le bon sens du terme. Le tissu brillant donne l’impression d’être pour un maillot de bain, ce qui fait transpirer ; surtout avec des manches longues. L’imprimé semble trop rudimentaire pour produire l’effet qu’il devrait produire.
En revanche, les lunettes de soleil, en tant qu’accessoire, ont l’air tout à fait passables. Cela dit, je doute qu’elles offrent une bonne protection, ne serait-ce qu’en raison du prix et des verres clairs. Le top asymétrique dans un imprimé chaotique des années deux mille est tout à fait correct. Le tissu est certes lui aussi tout sauf respirant, mais comme le modèle est sans manche, l’air peut circuler. La robe bandeau grise avec ses volants n’a pas l’air d’être de grande qualité, mais elle est ok pour le quotidien. Au moins, le tissu fin en polyester est un peu plus agréable au toucher que la robe à manches longues et le top.
Le pull vert ultra court me plait vraiment. Il est étonnamment doux au toucher et il n’a pas l’air d’avoir coûté neuf francs suisses. Il pourrait tout aussi bien provenir de marques de fast-fashion établies comme Zara, Weekday ou JJXX. Je trouve les finitions acceptables pour tous les vêtements.
Je préfère tout de même m’en passer
Si l’on compare les produits de boutiques ultra fast fashion similaires comme Aliexpress, Shein, Boohoo ou Pretty Little Thing, je dirais que la qualité des produits de Temu se situe dans la même fourchette et qu’ils sont tout aussi imprévisibles. Personnellement, à ce stade de ma vie, je ne commanderais pas de ma propre initiative auprès de Temu ou de fournisseurs à bas prix comparables. Au-delà de la qualité, il y a bien sûr les préoccupations éthiques. Les vêtements ne peuvent pas être aussi bon marché que cela ; à moins que quelqu’un ou quelque chose d’autre que vous n’en paie le prix.
Mais pour moi, la raison principale pour laquelle je n’achète pas ce genre de choses est que cela ne me fait tout simplement pas plaisir ; de l’expérience d’achat à la qualité, en passant par la mauvaise conscience et la crainte de la présence éventuelle de substances toxiques. L’année dernière, une analyse de laboratoire réalisée par Greenpeace auprès de l’Institut indépendant de l’environnement de Brême (BUI) a révélé que 15 des 47 produits de Shein analysés contenaient des substances chimiques nocives telles que des phtalates ou du formaldéhyde en quantités inquiétantes. 15 % des échantillons dépassent même les valeurs limites de l’UE. Je suppose qu’un essai avec des produits Temu donnerait des résultats similaires.
Est-ce qu’en théorie je porterais le haut tricoté vert ? Oui. Est-ce que je le porterai vraiment ? Probablement pas. En regardant ce vêtement, je n’éprouve aucun plaisir. Un nouveau vêtement qui ne coûte que huit francs suisses est mal. J’aime trop le sentiment d’avoir investi dans un vêtement ou un accessoire de qualité, dont je sais qu’il sera encore beau et aura une valeur quelques saisons plus tard. Une pièce qui me fait me sentir bien quand je la porte, qui me remplit de joie à l’idée de la voir accrochée dans mon armoire.
La seconde main est une meilleure alternative bon marché
Bien sûr, je comprends le désir d’être habillé à la mode et de posséder une garde-robe variée, même avec un petit budget. Mais même dans ce cas, il existe de meilleures options que de remplir sa garde-robe avec de la mode jetable. Pour celles et ceux qui ne peuvent ou ne veulent pas dépenser beaucoup d’argent, je conseille d’acheter des vêtements d’occasion au lieu de miser sur Temu et compagnie.
Lors de ma dernière visite dans une brocante, j’ai par exemple aperçu de beaux pantalons et blazers en laine vierge 100 % pour à peine dix francs suisses. Un rapport qualité-prix imbattable. De plus, tomber sur quelque chose qui vous va parfaitement dans les brocantes, les vide-greniers ou les magasins de seconde main de créateurs fait toujours penser à un coup du destin. Je suis certaine que vous aurez plus de plaisir à acheter et porter une telle trouvaille que de faire un achat douteux à bas prix chez Temu.
A un enthousiasme sans limites pour les épaulettes, les stratocasters et les sashimis, mais peu d'indulgence pour ceux qui critiquent son dialecte de Suisse orientale.
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