Test de produit

Comment ma nuit dans les arbres s’est terminée par terre

Ah, dormir dans les arbres... Voilà qui sonne incroyablement romantique. C’est un véritable appel à l’aventure et un rêve d’enfant. Mais toutes mes tentatives de passer une nuit perchée m’ont vite ramenée à la dure réalité de la terre ferme.

J’adore les hébergements insolites : dans un hamac sur une île en Suède, sous une bâche dans la forêt ou sous une tente Bajao sur un stand-up paddle.

  • En coulisse

    Une nuit sur l’eau grâce à la tente pour SUP de Bajao

    par Siri Schubert

Outre le côté aventurier, la tente suspendue Tentsile Connect me plaît parce que je pourrais m’y balancer tranquillement, bien à l’abri des fourmis et des escargots, comme dans un hamac. Et je suis assurée de dormir confortablement même si le sol est rocailleux ou inégal. Enfin, ça c’est ce que je croyais...

Tentsile Connect (Tente d'arbre, 9.50 kg, 2 personnes)
Tente

Tentsile Connect

Tente d'arbre, 9.50 kg, 2 personnes

Pour mon premier essai, j’ai cherché un petit camping près d’un lac. Je repère quelques arbres sur Google Maps, mais j’appelle tout de même le propriétaire pour vérifier si on peut accrocher une tente entre les arbres. Tout semble parfait et je me mets donc en route. Je ne veux pas marcher trop longtemps : la tente suspendue Tentsile Connect ne pèse pas moins de 9,5 kg et avec le sac de couchage, le réchaud de camping plus toutes mes affaires, c’est une vraie expédition. Cette tente ne conviendra donc absolument pas au trek.

Le sac de rangement compact me plaît : il est assez grand pour contenir la tente et son double-toit, les arceaux ainsi que le kit d’arrimage avec cliquets et sangles. Les anses du sac conviendront pour transporter la tente sur une courte distance, mais les coutures et le tissu montrent toutefois des signes de faiblesse lors de marches prolongées.

Format compact : la tente suspendue loge dans ce sac, mais ses 9,5 kilogrammes sont bien lourds.
Format compact : la tente suspendue loge dans ce sac, mais ses 9,5 kilogrammes sont bien lourds.
Source : Siri Schubert

La tente est livrée sans échelle ni protections pour les arbres, mais je trouve qu’elles sont importantes pour ne pas endommager l’écorce avec les sangles. Je les mets donc dans un sac séparé avec une petite échelle en corde qui me permettra de grimper jusque dans ma tente.

Je recommande les protections d’arbre pour ne pas abîmer l’écorce avec les sangles.
Je recommande les protections d’arbre pour ne pas abîmer l’écorce avec les sangles.
Source : Siri Schubert

Essai n°1 : à la recherche du spot parfait

Au camping, je cherche trois arbres distants de 4 à 6 mètres et plantés en triangle aigu, ce qui s’avère plus compliqué que prévu. Les trois arbres que j’avais repérés sur Google Maps sont au beau milieu d’un buisson de ronces et d’orties. Pas moyen de suspendre quoi que ce soit à cet endroit.

Je me dirige vers un autre groupement d’arbres. Deux d’entre eux sont parfaits, mais le troisième est trop petit et trop fin, je crains qu’il ne supporte pas la tente avec moi à l’intérieur. Pour supporter une tente, un arbre doit faire au moins 40 cm de circonférence, ce qui est loin d’être le cas du plus petit arbre de ce trio. Continuons ! Je m’évertue à trouver un trio d’arbres adéquat, en vain. Je me maudis de ne pas avoir emporté mon hamac : il y aurait de quoi faire si on ne cherche que deux arbres...

Moustiques et mauvaise humeur règnent sur ma demeure céleste

Par deux fois, j’ai attaché la tente à deux arbres avant de remarquer que le troisième est trop proche ou dans le mauvais alignement, et l’ensemble ne tient pas. J’arrive à peu près à tendre un côté, mais l’autre s’effondre misérablement. Impossible de dormir dans ces conditions.

Tandis que les barbecues commencent aux alentours et que le parfum des grillades me chatouille les narines, je n’ai toujours pas d’endroit où dormir. Au lieu de ça, je me fais dévorer par les moustiques, j’ai faim et je suis de mauvaise humeur. Ce n’est pas comme ça que j’imaginais mon après-midi dans les cimes. Je finis par perdre patience et abandonne : je monte la tente intérieure à même le sol, je cuisine du riz sur le réchaud et je vais dormir. Comme la nuit est claire et plutôt sèche hormis l’humidité du lac, je renonce au double-toit... d’autant que je n’ai pas les sardines pour le fixer. Je regrette d’avoir laissé le matelas isolant gonflant à la maison en pensant que je dormirais confortablement dans la tente suspendue. Heureusement que j’ai mon Therm-a-Rest Z-Lite Sol pour ne pas dormir à même le sol.

J’ai troqué les cimes des arbres pour le plancher des vaches.
J’ai troqué les cimes des arbres pour le plancher des vaches.
Source : Siri Schubert

Essai n°2 : vais-je parvenir à dormir dans ma tente suspendue ?

Je me réveille d’une nuit inconfortable, presque prête à laisser tomber. Mais je ne m’avoue pas si vite vaincue. Je demande donc à qui appartient la forêt de l’autre côté du lac. Ce serait tout de même un comble de ne pas y trouver d’arbres adéquats. Après avoir obtenu l’autorisation du propriétaire, qui esquisse un sourire à ma question, je reprends mes recherches. J’ai comme une impression de déjà-vu... Vais-je finir par trouver ces fichus arbres ?

Après plusieurs tentatives, j’avise un groupe d’arbres au bord de l’eau qui semblent être bien agencés. L’un d’eux est certes un peu fin, mais comme je serai seule sous la tente et pèse donc loin des 440 kg autorisés, je tente ma chance. Le montage est en réalité très simple et la tente bien conçue. Je ne peux toutefois pas l’installer plus haut que mes épaules. Cela correspond de toute façon aux instructions du fabricant qui conseille de suspendre la tente à 1,20 m du sol. La tente est installée en quelques minutes, avec ses cliquets et ses tendeurs. Voyez comment cela fonctionne dans cette vidéo en accéléré :

Enfin terminé ! J’ai hâte de m’endormir dans ma tente suspendue avec vue sur le lac. La tente intérieure à mailles fines me protègera des moustiques qui rôdent au bord de l’eau. Pourtant, je remarque que quelque chose cloche au moment où je m’allonge. J’ai bien tenté de fixer les trois sangles à la même hauteur, mais comme le haut de mon corps est plus lourd que mes jambes, la tente penche légèrement vers l’avant. J’essaie de régler ça mais, toute seule, c’est assez difficile. Pour ne rien arranger, la tente s’affaisse sous mon dos. Contrairement à un hamac, le tissu se détend à différents endroits à cause de la forme triangulaire. C’est extrêmement désagréable. Je suis loin de passer la « nuit la plus confortable de ma vie » promise par le fabricant. Je n’ose même pas imaginer comment il est possible d’arriver quelque part de nuit et de devoir chercher un emplacement pour cette tente. De mon côté, j’en ai assez et je plie bagage avant la tombée de la nuit. C’est d’ailleurs aussi rapide que l’installation.

Essai n° 3 : je ne lâche rien

Je me dis que j’ai peut-être simplement choisi le mauvais endroit. Je réitère donc l’expérience et trouve une forêt clairsemée en plaine. Ici, ça fonctionnera à coup sûr. La quête d’un groupement d’arbres aux bonnes dimensions est toujours aussi difficile, les ronces et les orties me posent problème, tout comme les arbrisseaux plantés en plein milieu de parfaits triangles.

Au bout d’une demi-heure, je déniche enfin un endroit adapté. La facilité de l’installation me réjouit, une fois de plus. La tente est prête en quelques minutes. Le double-toit en polyester 70D et revêtement polyuréthane donne l’impression d’être résistant et s’attache rapidement à l’aide d’élastiques.

Le double-toit servant de protection contre le vent, la pluie et les regards indiscrets s’installe facilement.
Le double-toit servant de protection contre le vent, la pluie et les regards indiscrets s’installe facilement.
Source : Siri Schubert

Même en attachant les deux sangles côté tête plus haut et en tendant bien la tente, le tissu s’affaisse sous mon dos lors du premier test. Après peu de temps, je suis tendue et cela devient franchement inconfortable. Je me résigne : cette tente et moi, ce ne sera pas pour cette nuit non plus, je m’y enfonce beaucoup trop.

Pas du tout confortable : le tissu s’affaisse et je ne trouve pas la bonne position allongée.
Pas du tout confortable : le tissu s’affaisse et je ne trouve pas la bonne position allongée.
Source : Siri Schubert

Bilan : trop d’efforts et trop peu d’avantages

La tente a de nombreux points positifs : les finitions sont de bonne qualité, elle est solide, facile à monter et démonter, en dehors de la difficulté à la tendre seul sans qu’elle ne penche côté tête. L’intérieur offre suffisamment de place pour moi, mes bagages et mon équipement photo. Bien qu’elle puisse accueillir deux personnes, je n’ai testé la tente que seule. Une sangle au milieu permet de créer deux couchettes pour éviter de tomber dans le creux pendant la nuit. Mais la forme triangulaire au niveau des pieds pourrait rendre le tout assez étroit.

Malgré ses avantages, je n’utiliserai plus la tente. Elle est trop lourde pour l’emporter en trek et chercher un endroit adapté est trop compliqué. Je ne la trouve pas confortable et elle prend beaucoup trop de place pour l’espace qu’elle offre. Il existe de meilleures alternatives : les hamacs, par exemple, au parfum d’aventure similaire et qui ne nécessitent pas une recherche d’emplacement aussi longue tout en étant beaucoup plus confortables.

Belle expérience, mais je n’utiliserai plus la tente suspendue.
Belle expérience, mais je n’utiliserai plus la tente suspendue.
Source : Siri Schubert

Après mes expériences, j’ai demandé autour de moi comment les autres utilisaient la tente, car je voulais savoir si j’avais simplement mal choisi mes emplacements. Une personne m’a dit qu’elle l’avait installée dans sa cour intérieure pour les enfants. J’imagine aisément que les enfants doivent adorer dormir dans une tente suspendue. Pour contrer l’affaissement de la toile, elle a mis plein de couvertures et de coussins dans la tente. Cela peut aussi convenir aux campeurs et campeuses qui connaissent un endroit facile d’accès, avec peu de buissons épineux et des arbres à bonne distance les uns des autres. La Suisse compte d’ailleurs quelques campings autorisant les tentes suspendues, du moins en saison. On est alors sûr que les configurations d’arbres y sont adaptées et que les tentes seront bien tendues. Si vous voulez tenter l’expérience d’une nuit en tente suspendue, dirigez-vous donc plutôt vers ces sites pour éviter d’avoir à chercher longtemps un emplacement adéquat.

Photo d’en-tête : Siri Schubert

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Plongeuse scientifique, instructrice de SUP, guide de montagne... même si les lacs, les rivières et les mers sont mes terrains de jeu favoris, je ne me laisse pas porter par le courant, car j'ai encore beaucoup à apprendre et à découvrir. J'aime aussi prendre de la hauteur et changer de perspective en volant avec des drones et en faisant du trail. 


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