
Point de vue
Mon fils a 10 ans : 10 choses que j’avais imaginées autrement
par Martin Rupf
Alors que la fête des Mères s'est établie depuis longtemps dans notre pays, la fête des Pères vit toujours dans l'ombre. Dix raisons pour lesquelles il est grand temps d'avoir plus d'estime pour nous, les pères.
« Chéri, pour la fête des Pères, j'aimerais le livre que mon collègue Oliver de la rédaction a récemment présenté », ai-je dit l'autre jour à ma femme. Elle : « y'a vraiment une fête des Pères ? » Je pense que beaucoup de gens sont dans son cas.
Une fête des Pères officielle : ce qui existe depuis 100 ans chez nos voisins germanophones, aux États-Unis et dans de nombreux autres pays, n'existe pas encore en Suisse. Alors que la fête des Mères est toujours célébrée le deuxième dimanche de mai, en Suisse, la fête des Pères existe, mais seulement officieusement. Introduite en 2007, elle a lieu le premier dimanche de juin, soit le 5 juin cette année. La réaction de ma femme montre cependant qu'il est grand temps que nous, les pères, luttions pour plus de reconnaissance et de gratitude, et pour l'instauration d'une fête officielle en notre honneur. Il n'est pas nécessaire d'aller aussi loin que nos voisins du nord. Le jour de l'Ascension, des hordes d'hommes – et de loin pas que des pères – se promènent dans les rues avec un chariot rempli de bière pour célébrer leur virilité.
Avant de rompre une lance en faveur des pères et donc de la fête des Pères, un mot sur les mères et la fête des Mères qui va avec. Certains stigmatisent cette journée comme une pure invention marketing, dont le seul but est de vendre un maximum de fleurs, de bons de restaurant ou de forfaits bien-être. Mais je ne suis pas d'accord. Bien sûr, il serait souhaitable que les enfants témoignent de la gratitude et de l'estime à leur mère, ou même que le mari en fasse preuve à sa femme, 365 jours par an. Ces gestes sont malheureusement trop souvent négligés dans le stress du quotidien. Alors pourquoi ne pas consacrer une journée à remercier consciemment sa mère et à la gâter ? Car une chose est claire : même dans notre monde familial si avancé et émancipé, ce sont encore les mères qui, dans la plupart des cas, mènent la « barque ». Qui organise les rendez-vous médicaux ? Qui s'occupe des nouveaux vêtements, achetés ou échangés avec d'autres mères (pas pères!) ? Qui a une vue d'ensemble des activités scolaires et des loisirs ? Qui peut sentir immédiatement (et non pas deux jours plus tard) si quelque chose préoccupe son enfant ? Qui est en général prêt à accueillir tous les enfants du quartier pour venir jouer à la maison ? Gagné ! Ce sont la plupart du temps les mères.
Et c'est justement parce que je suis conscient de cela, ou plutôt parce que ma femme et moi en sommes conscients que nous essayons peu à peu d'y remédier. Oui, on peut dire que nous sommes pratiquement dans une phase de découverte. En effet, ces dernières années, nous avons opté pour le modèle plutôt conventionnel, dans lequel je travaillais environ 80 à 90 % et ma femme environ 40 %. Automatiquement, ma femme était un peu « la chef » à la maison. Mais maintenant que je travaille moins et que ma femme travaille à nouveau plus, les tâches familiales et ménagères ont à nouveau dû être réparties. Je reconnais que je peux encore faire mieux. Et pourtant, je pense que de nombreux hommes font de leur mieux pour répartir équitablement les tâches familiales.
Ce sont aussi les pères qui apportent leur précieuse contribution à la vie de famille, raison pour laquelle une fête des Pères analogue à la fête des Mères s'impose. Je ne pense pas en premier lieu aux cadeaux ou aux invitations. Je n'ai pas non plus besoin qu'on me serve le petit-déjeuner au lit (ce n'est pas obligatoire, mais c'est tout à fait permis). Ce qui m'importe, c'est que notre contribution – qui peut, ou doit, encore être augmentée dans de nombreuses familles – soit également estimée.
1. De nombreux pères travaillent moins pour avoir plus de temps pour leurs enfants
Depuis quelques années, par choix, je ne travaille pas à 100 % afin de pouvoir consacrer plus de temps à mes enfants (OK, d'en avoir aussi un peu pour moi). Cela signifie certes moins d'argent, mais une meilleure qualité de vie. Et surtout, plus de temps « normal » en famille, où l'on profite beaucoup plus que lors de week-ends ou de vacances surchargés.
2. De nombreux pères assument également des responsabilités et s'occupent de tâches ménagères
Je vous entends dire d'ici : « encore heureux ! » Pour moi aussi, c'est bien sûr une évidence. Et pourtant, il m'arrive d'envier un peu mes ancêtres qui, une fois leur travail terminé, pouvaient s'asseoir à la table dressée et, justement, la quitter pour se rendre directement sur le canapé après le repas. Pour ma part, aucune tâche ménagère ne me fait peur. À part le repassage des chemises ; je n'ai pas réussi à m'y habituer jusqu'à aujourd'hui.
3. Les pères sont divertissants et amusants : tout comme les mères
Eh bien, cela n'est malheureusement plus que très partiellement vrai. Mes enfants ont maintenant sept et neuf ans. Ils sont donc suffisamment âgés pour reconnaître mes propos pour ce qu'ils sont malheureusement assez souvent : plats et pas vraiment drôles. Lorsque mes enfants attendent un·e ami·e, il n'est pas rare qu'ils me disent : « Papa, juste une chose : essaie de rester toi-même et de me pas nous foutre la honte. » Même l'évacuation des gaz corporels ne leur arrache généralement plus qu'un sourire fatigué. Il est temps que je trouve de nouvelles idées.
4. Les pères sont parfois de bons bricoleurs
Je suis quand même fier du lit superposé de ma fille avec bibliothèque intégrée (cf. photo ci-dessous). Et le lit à baldaquin de mon fils est, à mon avis, lui aussi pas mal du tout. Et qu'est-ce que j'ai pu faire plaisir à mes enfants avec toutes sortes de dispositifs de balançoire.
5. Beaucoup de pères sont aussi de bons enseignants – c'est du moins ce que je pensais
J'ai toujours pensé que j'étais doué pour enseigner des choses à mes enfants. Jusqu'à ce que le confinement arrive et avec lui, l'école à domicile. Ma patience n'a pas été très grande et je peux certainement faire beaucoup mieux en matière d'empathie. En tout cas, j'ai pris conscience de l'ampleur du travail des enseignants (même si enseigner à ses propres enfants n'est pas une sinécure, même pour les pédagogues).
6. De nombreux pères aiment passer leur temps libre avec leurs enfants et ne se réfugient pas dans leur bureau
L'époque où les pères se rendaient au bowling après le travail est révolue. Le père d'aujourd'hui met les enfants au lit – après avoir fait la vaisselle et sorti le linge du sèche-linge – et leur raconte bien sûr des histoires pour s'endormir (non pas tirées d'un livre, mais inventées de toutes pièces).
7. La plupart des pères sont forts et courageux
Bien sûr, je montre aussi mes sentiments devant mes enfants et ils peuvent voir que je suis moi aussi faible, triste et vulnérable. Mais en règle générale, j'essaie d'être à la hauteur de l'image stéréotypée que j'ai du père, qui est un roc dans la tempête. Quoi de plus beau que de voir mes enfants trouver auprès de moi une épaule solide sur laquelle s'appuyer (après avoir trouvé les mots de réconfort auprès de leur mère).
8. La plupart des pères sont de bons exemples
Oui, j'ai révélé il y a peu qu'il m'arrivait de ne pas porter de casque lors de sorties à vélo avec mes enfants. Et pourtant, je suis sûr d'être un bon exemple pour eux. Je leur donne l'exemple de croire en eux, de rester eux-mêmes, de faire le bien pour les autres, de savoir rire d'eux-mêmes, de défendre leurs opinions et bien plus encore.
9. De nombreux pères se réjouissent déjà de devenir grands-pères un jour
Il est vrai qu'il est un peu prématuré de penser qu'un jour je tiendrai peut-être mes petits-enfants dans mes bras et que je ferai plein de choses (que j'espère folles) avec eux. Et pourtant, l'idée d'être un jour un grand-père aimant pour les enfants de mes enfants – s'il y en a – me met tout de même du baume au cœur.
10. Tous (espérons-le !) les pères aiment leurs enfants et feraient tout pour eux
La dernière raison est aussi évidente que sommaire. Parce que nous aimons nos enfants, nous sommes prêts à tout pour eux. Mais surtout, nous sommes toujours là pour eux, quoi qu'ils aient pu faire. J'espère que ce ne sont pas des paroles en l'air. Et sinon, s'il vous plaît, rappelez-le-moi quand mon fils m'aura avoué qu'il a détruit notre nouvelle voiture familiale lors d'une course de voyous en pleine nuit.
Je ne sais pas, si ce ne sont pas des raisons suffisantes et surtout bonnes pour l'introduction officielle d'une fête des Pères en Suisse, alors qu'est-ce qui l'est ? Je me réjouis d'ores et déjà de dimanche prochain et je m'achèterai moi-même le livre si ma femme oublie la fête des Pères ou si elle estime que mon engagement à la maison ne mérite pas (encore) de petite récompense.
Deux fois papa, troisième enfant de la famille, cueilleur de champignons et pêcheur, spectateur hardcore, à moitié danois et champion du monde des gaffes.