Guide

Faire du tri avec une pro de l’organisation

Laura Scholz
12/12/2022
Traduction: Stéphanie Casada

J’ai contacté Dagmar Schäfer, la « prodige du rangement », pour parler avec elle du poids émotionnel des vêtements, des erreurs de shopping et du désencombrement professionnel.

Nous connaissons tous le classique de l’armoire pleine à craquer et de l’impression de n’avoir rien à se mettre. Mais dans la réalité, ce n’est pas un cliché, comme le sait la coach en rangement Dagmar Schäfer. Par expérience, elle peut dire qu’en règle générale, nous n’aimons et ne portons vraiment qu’un cinquième de nos vêtements.

Je voulais qu’elle m’explique pourquoi nous nous trompons si souvent en faisant du shopping, comment enfin nous débarrasser de tout ce qui est superflu et comment parvenir à n’acheter que des choses qui nous rendent heureux·ses.

Dagmar, sais-tu combien de vêtements tu as dans ton armoire ?

En fait, je n’ai compté que récemment. Il y en a une centaine. Mais il y a quelques années, il y en avait environ cinq fois plus. Puis j’ai fait un tri radical. Les 100 pièces qui restent maintenant, je les porte vraiment toutes. J’en fais des petites collections capsules par saison, que je suspends sur une tringle à vêtements séparée. Ensuite, la sélection retourne dans l’armoire et une nouvelle collection arrive sur la tringle.

Avec tes 100 pièces, tu es en dessous de la moyenne suisse. Elle est de 118, dont seulement 40 pour cent environ sont portées. Pourquoi crois-tu que nous avons ce besoin de posséder ?

D’après mon expérience, seuls 20 pour cent des vêtements sont réellement portés. D’une part, cela est certainement dû à la surabondance de l’offre. La tentation est présente à tous les coins de rue. Les nouvelles collections ne cessent de sortir et les médias sociaux nous inspirent en permanence. Nous pensons alors « j’ai aussi besoin de ça ». Ou bien nous voyons quelque chose qui nous plaît chez des ami·es ou des connaissances et nous oublions que cela ne correspond pas du tout à notre propre style. C’est ainsi que nous achetons, achetons et achetons encore. C’est possible grâce à la fast fashion.

C’est donc aussi une sorte de perception déformée qui est en cause ?

Oui. Trop souvent, nous achetons des choses qui ont un ou plusieurs hics. Et ce sont précisément ces pièces qui finissent au fond de nos armoires.

Est-ce que toutes ces choses superflues, que ce soit les vêtements en question ou des choses comme des objets déco ou des meubles, sont aussi un poids émotionnel ?

Je réponds « oui » sans hésiter. Car je vois constamment comment les gens se sentent lorsque tout ce poids est enfin enlevé. Il ne sert à rien non plus de reléguer les choses dans une boîte et de les cacher au fond d’une armoire ou d’une cave. Inconsciemment, nous savons que le fardeau est toujours là. De plus, on se complique la vie quand on possède trop de choses. Le nettoyage est fastidieux, on s’enfonce dans le chaos, on ne trouve rien du premier coup...

On n’a donc pas besoin d’évoquer le soi-disant chaos créatif devant toi ?

Le chaos est permis, cela nous arrive à tous. L’important, c’est de s’en débarrasser et de mettre de l’ordre.

Comment aborder au mieux cet ordre sans me sentir submergé par le processus ? C’est le sujet de ton livre Ordnungs-Quickies (Quickies du rangement).

Les petites étapes sont mon mantra. Si tu les fais régulièrement, tu progresseras rapidement sans être dépassée. Je te conseille de noter les domaines de ta vie qui doivent être ordonnés et de les classer par ordre de priorité. Ensuite, on s’obstine à suivre la liste ; 15 à 30 minutes par jour, pas plus. Tu peux ainsi facilement intégrer le désencombrement dans ton quotidien et tu ne risques pas de te lasser de prendre des décisions et de perdre ta motivation.

Ordnungs-Quickies (Allemand, Dagmar Schäfer, 2021)
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CHF15.70

Ordnungs-Quickies

Allemand, Dagmar Schäfer, 2021

J’adore faire des listes. Ça apporte une telle satisfaction.

Tu vois ?

Et quand il s’agit de faire du tri, as-tu un secret pour le faire de manière professionnelle ?

Il y a trois étapes à respecter. Le « pourquoi et dans quel but quelqu’un veut-il faire du tri ? », réduire et organiser.

La fameuse phrase de Marie Kondo « does it spark joy » est-elle parfois prononcée lors du tri ?

Pour être honnête, je la trouve un peu trop abstraite. Les questions « est-ce que je l’utilise ? », « est-ce que je l’aime ? », « est-ce que j’en ai besoin ? » me semblent plus appropriées. Sans oublier : « est-ce que je l’achèterais à nouveau ? »

Mais tu as certainement déjà vécu des cas difficiles ? Par exemple, je ne peux pas me séparer de mon jean préféré, même s’il a une énorme déchirure et que je ne peux plus le porter depuis longtemps. Que conseilles-tu dans une telle situation ?

L’attachement émotionnel aux objets ou aux vêtements est fréquent. L’important est simplement que le sentiment qui y est associé soit positif. Personne n’a besoin de s’accrocher à quelque chose de négatif. En cas d’associations positives, il est souvent utile de préciser que tu ne te sépares pas du souvenir en lui-même, mais seulement de quelque chose de matériel. Ou bien tu peux prendre une photo de ta pièce préférée, comme ça tu pourras la regarder à chaque fois que tu en ressentiras le besoin.

Comment procèdes-tu à l’étape 3, l’organisation ?

Ici, je m’adapte entièrement aux besoins de chacun·e. Le quotidien et la taille de l’appartement ou de la garde-robe jouent par exemple un rôle. Le résultat final doit être pratique et faciliter la vie quotidienne.

Au final, qu’est-ce que je ressens une fois que je me suis débarrassé de tout ce dont je n’ai pas besoin et que l’ordre règne en maître chez moi ?

C’est vraiment libérateur ! Je l’ai déjà vu chez moi et j’adore le voir chez les autres. Ce soulagement, cette vue d’ensemble, cette motivation à maintenir cet ordre aussi.

On ne retombe donc pas facilement dans les vieux schémas chaotiques ?

Dans la plupart des cas, non. Une fois que tu es consciente de tous les avantages et que tu constates que ton quotidien change positivement, tu es motivée pour maintenir cet état.

Tu as quand même un conseil au cas où l’envie d’acheter revenait ?

Prends ton temps lorsque tu décides d’acheter quelque chose ou non, et pose-toi des questions en étant honnête avec toi-même : est-ce que tout (!) me plaît vraiment ? Comme je l’ai dit, cela n’a aucun sens d’acheter quelque chose qui a un ou plusieurs hics. La couleur, le tissu, la coupe, le confort, les possibilités de combinaison – tous ces critères doivent être réunis.

Que penses-tu de la méthode « un entré, un sorti » ? Donc éliminer un vêtement pour chaque vêtement acheté ?

Tu peux ainsi finir par te tromper toi-même et être tentée d’acheter des choses qui ne correspondent pas à tous tes critères. De plus : si tu as vraiment fait le tri dans ton armoire, tu ne possèderas plus que les pièces que tu aimes vraiment et que tu portes. Il serait dommage de devoir en éliminer.

Qu’est-ce qui te pousse encore à acheter aujourd’hui malgré une armoire parfaitement équipée et des critères stricts ? Et surtout : à quelle fréquence ?

Je dirais grosso modo que j’achète quelque chose environ dix fois par an. Parce qu’une pièce n’est plus belle ou même cassée et que j’ai besoin de la remplacer. Ou parce que j’ai vu quelque chose qui serait un bon complément à ma collection de capsules et qui répondrait à tous mes critères. Et puis je mise sur la qualité, ce que l’on peut bien sûr soudain se permettre quand on n’achète plus que si rarement.

Un dernier conseil à tous·tes celles et ceux qui ouvrent les portes de leurs placards pour faire du tri.

Je vous conseille de choisir d’abord les quelques pièces que vous aimez et que vous portez régulièrement. Une fois que vous les avez devant vous, il est facile d’analyser les coupes, les couleurs et les matières dans lesquelles vous vous sentez à l’aise. Sur la base de ce constat, vous pouvez vous attaquer au reste de votre garde-robe et faire un tri très strict.

Merci beaucoup !

Depuis son enfance, Dagmar Schäfer aime que les choses soient belles, structurées et bien rangées. Depuis 2008, elle vit à Zurich où elle travaille (en plus de son métier de vétérinaire) comme coach en rangement et organisatrice professionnelle. Sur ordnungswunder.ch, vous trouverez plus d’informations utiles ainsi que ses coordonnées.

Photo d’en-tête : Alireza Khatami via Unsplash

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