En coulisse

Birkenstock : de la pantoufle hippie à l’article de mode

Les pantoufles Birkenstock se sont débarrassées de leur image vieillotte. Le vilain petit canard de la branche s’est transformé en beau cygne. À juste titre selon moi.

La sandale « Arizona » de Birkenstock a été le deuxième article de mode le plus recherché de l’année 2020. Le survêtement adoré (de Nike) arrive seulement quatrième, alors que 2020 était l’année du survêt par excellence. Cela dit, je ne suis pas surprise. Après avoir dépensé mon argent pour des trucs inutiles durant le semi-confinement, je me suis dit qu’il fallait quand même investir dans quelque chose dont j’avais besoin. Quelque chose que j’utilise tous les jours. Et mon choix s’est porté sur des Birkenstock « Arizona » avec lesquelles je parcours désormais – aussi légère que sur un nuage – de nombreux kilomètres dans mon appartement. Je ne regrette pas mon choix, même si j’aurais dû les acheter bien plus tôt, car elles ont toujours existé. Je ne les avais simplement jamais prises en considération, tellement elles ont l’air massives. Et je sais que je ne suis pas la seule : depuis 2018, l’âge d’or des horribles dad shoes, les Birkenstock ont le vent en poupe. Celui qui n’avait pas encore cédé jusqu’ici l’aura sûrement fait maintenant. En effet, actuellement le confort passe avant tout.

Du soulier orthopédique à la pièce tendance : la minute histoire

Déjà en 1774, Johann Adam Birkenstock a pensé ce soulier confortable dans la ville allemande de Langen-Bergheim de Hesse. Ses connaissances sur la cordonnerie orthopédique sont transmises de génération en génération. En 1896, Konrad Birkenstock fabrique des semelles souples et les vend dans ses deux magasins de chaussures. Le succès est au rendez-vous. En voyant la demande grandissante, il décide de fabriquer, à partir des semelles souples, des semelles plantaires dures pour ses souliers sur mesure.

En 1963, son descendant, Karl Birkenstock, lance la première sandale à assise plantaire profonde. Le modèle « Madrid » avec ses lanières ajustables ne rencontre pas le succès escompté. La clientèle doit d’abord s’habituer au look inédit de la sandale. Malgré la rapide expansion de l’assortiment Birkenstock, elle ne plaît à personne. Karl ne lâche pas l’affaire et sa détermination finira par payer : grâce à la vente par correspondance (notamment aux États-Unis) et à l’intérêt croissant des médecins et du personnel de santé, l’entreprise familiale prend son envol. En Californie, les hippies sont eux aussi séduits par les fameuses sandales.
En 1973, la marque lance son modèle à succès « Arizona » et presque dix ans plus tard, c’est au tour du modèle « Gizeh », la première sandale avec bride interorteils, de faire ses preuves. La marque s’agrandit et, à peine quatre décennies plus tard, la petite entreprise devient un vrai groupe qui, pour la première fois depuis 240 ans, n’est plus dirigé par un membre de la famille. L’un des premiers actes officiels de la nouvelle direction : Birkenstock se lance dans le commerce des licences pour s’ouvrir à de nouveaux marchés. La marque augmente ainsi son chiffre d’affaires (article en allemand) et passe de 325 millions de francs en 2014 à 885 millions de francs en 2019. La pandémie n’aura même pas égratigné les affaires de la marque.

Birkenstock Madrid Birko-Flor Nubuck étroit
Sandales
CHF84.78

Birkenstock Madrid Birko-Flor Nubuck étroit

Birkenstock Arizona Birko-Flor Nubuck normal
Sandales

Birkenstock Arizona Birko-Flor Nubuck normal

Birkenstock Madrid Birko-Flor Nubuck étroit
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Birkenstock Arizona Birko-Flor Nubuck normal

Birkenstock Arizona Birko-Flor Nubuck normal

La chaussure du télétravail

La marque Birkenstock fait partie des grands gagnants de la pandémie. Selon la plateforme de recherche de mode Lyste, la demande en « Arizona » a augmenté de 225 %. Ce n’est pas étonnant que les personnes qui n’en portaient pas aient décidé de le faire dans ces temps caractérisés par le confort et la fonctionnalité. Si vous vous confinez à la maison pour travailler et que vous n’avez besoin de voir personne, autant être bien dans vos pompes. Après tout, personne ne les verra. C’est exactement ce qu’il m’est arrivé. Maintenant que j’ai pris goût à mes « Arizona », je ne peux plus m’en passer. Heureusement qu’elles ne servent pas seulement comme pantoufles ; je peux aussi les porter à l’extérieur.

Ce qui les rend uniques

Birkenstock est une marque de santé. Et on le voit très bien. Malgré tout, je dois avouer qu’une fois que je me suis habituée à leur look, j’aime de plus en plus mes Birkenstock. Cela dit, ce sont les qualités intérieures qui comptent. Autrement dit, grâce à leur assise plantaire anatomique, elles sont incroyablement confortables. Apparemment, les semelles ont été inspirées par une empreinte de pied dans le sable. C’est pourquoi vous n’aurez jamais mal aux pieds dans ces chaussures. En effet, le support de l’arche transversale de la voûte plantaire, les barres de positionnement des orteils, les bords du lit ainsi que le façonnage de la zone du talon rendent la marche particulièrement confortable. Contrairement à d’autres sandales, vos pieds seront aussi bien tenus que dans des souliers fermés. Je peux vous le confirmer grâce à mon expérience personnelle. La semelle est composée de deux couches de jute amortissantes, d’un lit de pied flexible en liège et latex et d’un revêtement en cuir velours qui absorbe l’humidité.

Des chaussures orthopédiques aux sandales de luxe ?

Tant les Américains que les Français ont désormais reconnu le potentiel de la sandale allemande : afin de conquérir les marchés chinois et indien, la dynastie de la chaussure a vendu en début d’année la majorité de ses parts aux sociétés d’investissement L Catterton et Financière Agache, une société holding de Bernard Arnault, le propriétaire du groupe parisien de l’industrie du luxe LVMH. Le leader du marché possède outre des marques telles que Moët & Chandon et Louis Vuitton, des griffes de mode comme Givenchy, Celine et Dior.

Birkenstock x Valentino Garavani. Image @birkenstock
Birkenstock x Valentino Garavani. Image @birkenstock
Birkenstock x Proenza Schouler. Image @proenzaschouler
Birkenstock x Proenza Schouler. Image @proenzaschouler

Les Birkenstock parviendront-elles à faire leur entrée sur le marché du luxe et seront-elles encore plus convoitées ? En 2012, Birkenstock a connu un succès après que Phoebe Philo, la créatrice principale de Céline (qui s’écrivait encore avec un accent aigu à l’époque), a présenté sa réinterprétation à fourrure de la sandale. Après que le modèle « Arizona » a été copié par des labels de luxe, Birkenstock a également décidé de collaborer avec d’autres maisons de mode. Ainsi, des coopérations sont nées avec Valentino, Proenza Schouler et, plus récemment, Jil Sander qui transforment la pantoufle en vrai article de mode. J’ai hâte de voir qui suivra. Avec Dior, les sandales deviendraient vraiment un article de mode très convoité.

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Quand je ne suis pas en train d'explorer les océans, je plonge avec bonheur dans l'univers de la mode. Toujours à l’affût des dernières tendances dans les rues de Paris, Milan et New York, je vous montrerai comment arborer ces habits de podium dans la vie de tous les jours. 


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